Le Mexique est un pays dont j'ai fait la connaissance en 1995, par hasard. Et depuis, je suis resté coincé. 

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samedi 12 avril 2014

Les amants de Chichén - Chapitre 7 & Fin



Iktan se tenait comme à son habitube : 
Les bras autour de ses genoux repliés et le menton sur ces derniers.

Il avait fait le vide dans son esprit et regardait distraitement pleuvoir 
bijoux, nourriture et poulets vivants dont les violents ploufs éclaboussaient 
son corps nu.

Le jeune homme se concentrait sur sa respiration et gorgeait son corps d'oxygène.

Le temps semblait durer longtemps.

Un hurlement terrible le tira de sa léthargie suroxygénée.
Ses cuisses musculeuses se détendirent et il creva la surface du cenote 
en même temps que Nikte-Ha.

L'entraînement pluriquotidien qu'il s'était imposé depuis plus d'un uinal portait ses fruits.
Il nageait comme un dauphin et n'ignorait plus aucun recoin du Cenote Sagrado.


Il eut tôt fait d'attraper la longue chevelure de Nikte-Ha et de la ramener à la surface. 

La jeune sacrifiée ouvrit grand la bouche et les yeux. 
La première pour reprendre son souffle et les seconds pour essayer de comprendre 
ce qu'Iktan faisait dans l'inframonde, royaume des morts…


~•~


Iktan avait bien calculé son coup et ils avaient fait surface dans un boyau semi sous-marin 
qui les dissimulait aux regards de la foule tout là-haut et permettrait de rejoindre 
le cenote Ik Kil et d'autres cenotes.

Quand elle eut cessé de s'agiter, il ôta sa main qui bâillonnait la bouche de son aimée 
et la remplaça par ses lèvres brûlantes.

Puis il arracha la parure sacrificielle bleue et blanche qui les aurait gêné dans leur fuite 
et ils s'enfoncèrent dans le tunnel aquatique.

On ne les revit jamais.

~•~

A Chichén, les choses se gâtèrent rapidement.

Le Dieu Chaac se trouva fort contrarié qu'on l'eut dépouillé de son dû et se mit à bouder, 
refusant désormais à la cité les bienfaits de sa pluviosité.
Une sérieuse sécheresse s'installa rapidement, avec son cortège de famine et de maladies.

Une rumeur se fit jour, qui coïncidait avec la disparition d'Iktan...
La population se souleva contre les prêtres, qu'elle accusait de mal faire leur boulot, 
et finit par les précipiter plus ou moins vivants dans le cenote, sans pour autant obtenir 
les résultats escomptés.

S'ensuivit une guerre intestine meurtrière.
Les survivants s'enfuirent rapidement et la jungle finit par recouvrir 
la cité autrefois brillante de Chichén Itzá.

~•~

A cette même époque, naquit à Mayapán la légende d'un couple de jeune Dieux 
qui surgirent nus d'un cenote, et dont la fille revenait de l'inframonde et le garçon 
était le fils d'un Dauphin.

Ils avaient construit leur maison un peu à l'écart de la cité, 
au creux des racines d'un ceiba centenaire, 
et leur nombreuse descendance était composée de jolies filles rondelettes 
et de garçons excellents nageurs.



Fin

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Remerciements
J'ai écrit cette nouvelle en m'inspirant librement d'une légende Maya 
qui a été portée à ma connaissance par Chupun
Je la remercie, m'étant bien amusé à retranscrire cette légende à ma manière.
Gracias à Citlahuicátl et Elchel pour leur assistance linguistique.
Gracias à Delfina et Primo pour la manifestation de leur intérêt 
qui me motive pour l'écriture de nouveaux récits.
Gracias à tout ceux qui ne m'ont pas manifesté leur désintérêt.
Gracias aux vignobles de Bordeaux qui m'ont fourni le carburant nécessaire.

A suivre ?

Greenpeace



Ce clip magnifique me ramène 30 ans en arrrière, sous la dictature d'un certain François, plus imposant que l'actuel et plus pourri aussi.

A l'époque, Greenpeace se battait contre les essais nucléaires français à Mururoa, ce qui déplaisait au despote socialo, qui avait donc envoyé ses services secrets à Auckland pour couler le Rainbow Warrior, navire de Greenpeace en route pour la Polynésie.

Le 10 juillet 1985, un canot pneumatique piloté par Gérard Royal (frère de Ségolène) emmène des nageurs de combat poser des explosifs sous la coque du « Guerrier Arc-en-ciel ». 1 mort.

Les deux agents de la DGSE (les faux époux Turenge) se feront rapidement gauler par la police Néo-Zélandaise, ayant mené l'affaire comme des guignols. 
N'est pas James Bond qui veut, hein...

L'affaire durera longtemps, de mensonges pourritiques en communiqués merdiatiques, de démissions bidons en procès clownesques et finalement, Fabius (eh oui) admettra à la télévision que les services secrets français avaient effectivement commis l'attentat.

Le ministre de la défense Charles Hernu démissionnera pour couvrir le président Bite Errante.

La nouvelle Zélande a qualifié cette action « d'acte terroriste soutenu par un état, un acte de guerre » et la France lui versera sept millions de dollars de dommages et intérêts.

En 1987, la France versera à Greenpeace 8 millions de dollars d'indemnités.

Les amants de Chichén - chapitre 6


Mayan Drums

Depuis ce matin les tambours résonnent sans discontinuer.
Les rues de la cité sont vides sous le soleil écrasant du Yucatán.

Les habitants sont terrés silencieusement dans leurs maisons et seuls quelques chiens faméliques reniflent à droite et à gauche avec l'air de se demander où sont passés les humains.
Les grands iguanes gris surveillent du haut des murs surchauffés la montée du soleil dans le ciel immaculé.
Lorsque l'astre atteint son zénith, les tambours s'arrêtent subitement.

Les prêtres quittent le temple de Kukulkán et dégravissent en bon ordre les marches de la grande pyramide tandis que la foule s'assemble sur l'esplanade.



Nikte-Ha est recroquevillée dans la petite cellule sombre du temple de Venus où elle est enfermée depuis plus d'un mois.
C'est aujourd'hui son seizième anniversaire et elle ne vivra pas assez longtemps pour s'en souvenir.

Ce matin, les vestales l'ont vêtue de bleu et de blanc, couleurs de l'eau et de la pureté. 
Des fleurs fraîches ont été plantées dans ses cheveux.

On la sort sur le perron et ses yeux déshabitués de la lumière du jour la font horriblement souffrir.

La fanfare redémarre et cette fois les religieux entonnent les chants sacrés dont les refrains sont repris par la foule recueillie.

D’un air empreint de sagesse, les musiciens usent de leurs instruments avec vigueur, comme bon leur semble et la présence de leurs pairs leur est indubitablement étrangère. 
Ils sont peut-être sourds ?
Tambours en peau de serpent, conques, flûtes d’argile et crécelles de bois rivalisent au lieu de s’unir et le résultat est particulièrement cacophonique.

Nikte-Ha est assise sur un siège porté par six membres de sa famille.
La procession s'ébranle dans le soyeux froufrou des plumes de quetzal et des tuniques bariolées.

L'allée qui mène au Cenote Sagrado est assez longue mais elle lui semble aujourd'hui ridiculement courte.

La preuve : les voilà arrivés sur l'aire de lancement.

Elle se tient debout au bord du vide, tremblante, les poings serrés sous le menton.
Ses orteils nus s'accrochent désespérément au calcaire surchauffé.
Trente mètres plus bas, la surface noire et glaciale du cenote ressemble à un lac d'obsidienne.



Les prêtres baragouinent des mots qu'elle n'écoute pas, et jettent dans l'eau des bijoux, de la nourriture et des poulets vivants.
Les ploufs sinistres sont à peine audibles.

Le temps dure longtemps.
Elle fait pipi sous elle.
Elle ne voit plus rien, n'entend plus rien.
Iktan.

~•~

Une forte bourrade la propulse entre les parois abruptes du puits sacré.

Son hurlement terrible réveille les clameurs de la jungle et les cris des singes et des jaguars l'accompagnent dans son dernier voyage.

A suivre…

vendredi 11 avril 2014

Les amants de Chichén - Chapitre 5


Les semaines passaient et leurs escapades amoureuses s'espaçaient.

En effet, la date du sacrifice approchant, Nikte-Ha devenait l'objet de toutes les attentions de sa famille et surtout des prêtres qui semblaient se douter de quelque chose. 
Elle devait déployer des trésors d'ingéniosité pour parvenir à s'absenter et faisait bien attention à n'être point suivie.

Malgré tout, leur plan prenait forme et sa réussite reposait sur sa simplicité : ils allaient s'enfuir tous les deux pour Mayapán où une famille lointaine d'Iktan les accueillerait avec plaisir, la cité hiérocratique de Chichén n'étant pas particulièrement bien vue des mayapannais.

Chacun des deux préparait discrètement son petit balluchon en déposant jour après jour ses maigres trésors dans leur refuge secret. 
La date du départ était encore imprécise mais ils étaient convenus de laisser terminer la saison des pluie afin de faciliter leur cheminement dans la jungle à destination de Mayapán.

~•~

Jusqu'au jour maudit où Nikte-Ha fut brutalement assignée à résidence dans le temple de Venus.
Personne ne devrait plus la voir avant le sacrifice, telle fut la volonté des prêtres.


Leur projet d'évasion s'écroulait et Iktan crut devenir fou de douleur.
Nikte-Ha sanglotait du soir au matin et du matin au soir.
Elle ne pleurait pas sur la vie qu'on allait lui ravir, mais sur la chaleur des bras d'Iktan qu'elle ne connaîtrait plus.

Elle sut bientôt par cœur le déroulement de la cérémonie et les modalités de sa mise à mort, les prêtres s'étant fait un plaisir sadique de lui détailler les festivités sacrificielles.


C'est la noyade qui lui était promise, par projection dans le Cenote Sagrado, ce qui lui offrait illico, petite veinarde, une entrée gratuite et immédiate pour l'inframonde. Merci qui ?

Les prêtres avaient aussi examiné avec minutie l'intégrité de sa virginité, histoire de s'assurer qu'ils n'allaient pas offrir à Chaac de la viande de deuxième choix.
Certains avaient même poussé la conscience professionnelle jusqu'à venir plusieurs fois vérifier la chose. En bavant.

Nikte-Ha s'en foutait.
Son esprit était aux côtés d'Iktan et le resterait pour l'éternité.

Il lui restait un uinal à vivre (à quelques kins près).


~•~

Iktan ne quittait plus le refuge du ceiba.
Du haut de ses quinze ans, il avait pris sa décision :
Puisqu'avec Nikte-Ha il ne pourrait vivre, avec Nikte-Ha il mourrait.


Le jour du sacrifice arriva comme une délivrance.

A suivre...

Les amants de Chichén - Chapitre 4


Leur amour n'avait plus qu'une année à vivre, à l'instar de Nikte-Ha qui venait de fêter ses quinze ans.

Cette Quinceañera (fête des 15 ans) avait marqué les esprits par son faste et la connaissance que chacun avait du devenir de la petite.
Pour son prochain anniversaire, elle recevrait la mort en cadeau, par noyade dans le profond Cenote Sagrado.

Iktan n'avait pas été invité.

Sans jamais en parler ouvertement, le tout-Chichén se doutait qu'un sentiment l'unissait à Nikte-Ha et que ceci ne présageait rien de bon.

Iktan avait assisté de loin aux festivités. La tête sur les genoux, il n'avait pas quitté des yeux la silhouette rondouillarde de son aimée qui circulait de table en table, trinquant joyeusement avec les convives et renversant à grands coups de gosier le sang du maguey sans lequel la fête se serait pas aussi folle.

Iktan savait que Nikte-Ha faisait semblant et il avait raison. Personne ne devait se douter. C'était leur seule chance.

Alors Nikte-Ha jouait les insouciantes en riant à gorge d'employée au sein de la foule emplumée qui venait se repaître des derniers instants d'une de leurs semblables.

Puis le son jusque-là discret des tambours se fit plus insistant, la foule cessa son brouhaha et les corps imbibés de pulque s'animèrent flegmatiquement d'un mouvement uniforme.


Les femmes furent invitées à regagner leurs pénates à grand coup de pieds occultes.
Nikte-Ha resta seule sur l'estrade dominant la houle de la foule et entama une lente danse du ventre avec comme seul vêtement la lancinance des tambours en peau de kep.

Iktan sentit son pagne se soulever sous l'impétuosité de son jeune birich', mais l'heure n'était pas à la gaudriole. Son cerveau en ébullition bâtissait le plan qui allait priver Chaac de son tribut, et leur marge de manœuvre serait étroite, pour ne pas dire inexistante.

Alors Iktan regardait sa bien-aimée offerte aux regards con cul pissants des danseurs avinés et son désir refréné nourrissait ses neurones juvéniles.


A suivre

Les amants de Chichén - Chapitre 3


Leur amour était interdit et ils dépensaient beaucoup d'efforts pour le dissimuler.

Leurs ébats sylvestres et amoureux s'en trouvaient rares et d'autant plus denses (con los lobos).

La petite Nikte-Ha inventait pour sa famille suspicieuse des besoins quasi quotidiens de méditation liés à sa prochaine mise à mort et personne n'y trouvait à redire. 
Elle partait ainsi pour de longues balades en forêt et revenaient des heures plus tard, rayonnante et détendue, et la famille rassemblée se félicitait des bienfaits visibles de ces retraites spirituelles.

Iktan, garçon des rues, faisait ce qu'il voulait, mais devait quand même cacher son idylle à la multitude qui n'aurait pas manqué de le balancer aux prêtres. 
Ces derniers lui auraient certainement fait subir un mauvais sort afin de préserver leur proie.

Le nid d'amour où ils se retrouvaient en loucedé était bien caché au cœur de la jungle, entre les racines d'un ceiba centenaire, arbre sacré comme chacun sait, dont la haute taille servait de liaison entre l'inframonde, le monde des vivants et le monde des cieux.


Iktan passait de longues heures à y attendre sa bien-aimée et chaque fois que celle-ci parvenait à s'échapper pour le rejoindre, c'était le grand embrasement cosmique de leurs sens aiguisés par le dépassement des interdits, bref c'était la fête à Popol.
Leur jeune âge ne gênait en rien la créativité de leurs ébats, les Mayas étant un peuple sexuellement mûr très tôt.

Ils se sentaient en sécurité au creux des racines géantes de l'arbre sacré et aimaient à y voir un symbole de protection pour leur amour. 
Iktan était le roi du monde et Nikte-Ha sa princesse, protégée par l'arceau des bras puissants de l'adolescent, à l'abri des vicissitudes de l'existence et du sort funeste qui lui était réservé.

C'est dans ce lieu magique que la révélation vint à Iktan.

Il ne laisserait pas les prêtres offrir sa Nikte-Ha en sacrifice à Chaac.
Epicétou.

Ils n'avaient qu'à se trouver un autre boudin, c'est pas ce qui manquait à Chichén et dans les environs. 
Celui-ci c'était le sien et il se battrait pour le conserver.

~•~

Par une fin d'après midi du uinal de zotz, alors que leur corps s'apaisaient, unis dans leur sueur d'amour, Iktan dévoila sa décision à Nikte-Ha.

Celle-ci en béa d'ébaubissement, tant l'idée lui parut inconcevable.
Se soustraire à son destin était un concept qui lui était farpaitement étranger, d'autant que, de mémoire d'Itzá, personne n'avait jamais osé s'opposer aux prêtres et donc au dieu qu'ils représentaient, Chaac en l’occurrence.


Iktan dut déployer des trésors de diplomatie pour convaincre Nikte-Ha que leur amour méritait mieux que cette fin abrupte, et que vivre avec lui serait plus amusant que mourir pour Chaac.

Est-ce que Chaac lui mettrait le doigt ici ?
Est-ce qu'il saurait faire ça avec sa langue ?
Est-ce que Chaac aurait un aussi joli birich' ?
Et est-ce qu'il saurait qu'elle aimait tant qu'on lui fasse ça ?
Et ceci ? 
Et cela...

~•~


Quand Nikte-Ha remit les pieds sur terre, elle finit par convenir que l'idée était séduisante et que finalement, ça serait peut-être une bonne idée d'envisager un séjour sur terre plus long que prévu, surtout si ce séjour se passait dans les bras d'Iktan.

Leur résolution était prise ; il ne restait plus qu'à ourdir un plan d'action.


A suivre…

jeudi 10 avril 2014

Les amants de Chichén - Chapitre 2


Nikte-Ha était très belle.

Née dans une famille aisée de Mayas issus de Toltèques, proche de l’intelligentsia religieuse, elle avait bénéficié de la meilleure éducation et des attentions dues à son rang.

Sa lourde chevelure couleur d'aile de cuervo tombait en grosses nattes fleuries autour de son cou et sa poitrine jeune et cependant abondante laissait envisager une croissance importante qui serait hélas brutalement stoppée par son sacrifice prochain.

Son ventre rebondi, son imposant fessier et ses fortes cuisses lui conféraient une image de femme fertile, qu'elle serait devenue si les prêtres de Chaac ne l'avaient pas élue.

Suivant les canons de la beauté en vogue en ces temps reculés, son visage rond avait bénéficié des traditionnelles modifications esthétiques.

Son regard noir et énigmatique avait été créé grâce à la technique de la bille : Au moyen d'un arceau de bois astucieusement fixé au front du bébé, on laissait pendre entre les yeux une bille de terre cuite en guise de hochet, ce qui avait pour effet de provoquer un strabisme convergent du plus délicieux effet.
L'opération avait parfaitement réussi sur Nikte-Ha, et ses sombres iris étaient en permanence collés contre ses caroncules lacrymales.

Ses dents petites et parfaitement blanches avaient été taillées en pointe par sa grand-mère au moyen d'une lime de pierre volcanique et son sourire en dents de scie illuminait son visage.

~•~


Iktan était également un très beau spécimen d'humanité.

A l'image des hommes de la tribu des Itzá, il était petit, svelte et musclé. Ses ancêtres, cultivateurs de maïs depuis trois générations, avaient fui la cité de Siyan Can Bakhalal et ses guerres intestines pour s'installer à Chichén et à Mayapán.
La modestie de ses origines ne lui avait pas donné accès à l'éducation de Nikte-Ha et il avait compensé en développant des dons de réflexion assez rarement observés chez les garçons de son âge.

Ses parents, pauvres mais honnêtes, avaient fait leur possible pour aider leur fils à se construire un avenir loin des champs de maïs et de leur pauvre maisonnette d'adobe.

Pour ce faire, ils avaient appliqué à Iktan un traitement habituellement réservé aux nobles : la déformation du crâne en pointe.
Simple et de bon goût, l'opération consistait à comprimer la tête du bébé au niveau du front et de l'arrière du crâne entre deux planches reliées par de forts cordages de latex.

Diverses techniques pouvaient être mises en oeuvre mais le résultat escompté était le même : les enfants qui survivaient et n'étaient pas complètement idiots arboraient une calotte crânienne en pain de sucre fort séduisante, signe indiscutable d'une bonne naissance.



Comme il convenait chez les hommes, ses cheveux étaient long sur la nuque et tombaient librement ou en queue de cheval selon l'humeur, bien plus bas que ses déjà fortes épaules.
Son front haut était largement dégarni, ayant été brûlé selon les usages, afin d'éviter la repousse inesthétique des cheveux sur l'avant de la tête.

Son corps glabre arborait quelques tatouages rituels, qui le recouvriraient quasi totalement à l'âge adulte. 
Sur sa joue droite étaient dermogravés sa date de naissance et le destin qui lui avait été lu dans les astres.

L'arrête de son nez était percée d'un cylindre de jade, seul objet de valeur qu'il possédait.

De l'avis général, il formait avec Nikte-Ha un couple superbe.



A suivre…

mercredi 9 avril 2014

Les amants de Chichén - Chapitre 1



Nikte-Ha aimait Iktan et Iktan aimait Nikte-Ha.
Et inversement.

Nikte-Ha avait 14 printemps alors qu'Iktan en avait 14 aussi.

Leurs amours naissantes étaient quelque peu contrariées par le devenir organisé de Nikte-Ha : 
elle était en effet destinée à Chaac, qui n'était pas un va-nu-pieds, hein, c'était quand même le Dieu de la Pluie...

Alors Nikte-Ha et Iktan cachaient leurs ébats préadolescents dans la jungle proche de Chichén Itzá, au milieu des perroquets, des singes hurleurs, des jaguars et des mygales.

Tous deux étaient conscients du fait qu'il convenait de ne pas dépasser les bornes des limites… 
Leurs jeux amoureux allaient donc aussi loin qu'il était concevable pour deux jeunes Mayas à la sexualité exigeante, tout en préservant le dû du Dieu, à savoir la virginité vaginale de la chiquita.

Pour le reste, il repassera, le Chaac, faut pas exabuser non plus.

La passion de nos deux petits amis allait croissant (au beurre) à mesure qu'approchait la date fatidique du sacrifice de Nikte-Ha : le jour de son seizième anniversaire.

Et plus la date approchait, plus Iktan trouvait abusif de se voir ravir son amour par un Dieu auquel il n'accordait qu'une croyance limitée. 
Depuis ses plus tendres années, le garçon avait fait preuve d'un esprit acéré et méritait amplement son prénom d'Iktan (le débrouillard).
La vision de Nikte-Ha précipitée vivante dans le Cenote Sagrado de Chichén Itzá lui devenait peu à peu et de plus en plus insupportable et faisait naître en son jeune corazón un fort sentiment d'injustice qui lui était encore inconnu.



Il faut dire qu'au Yucatán en cette année 950 de notre ère, les sacrifices humains étaient partie intégrante de la vie quotidienne et il était d'usage de les accepter comme tel, ni plus, ni moins.
On voyait les parents mener leurs jeunes enfants aux prêtres pour le sacrifice rituel, avec le sentiment glorieux d'inscrire leur patronyme dans la hiérarchie de la cité.

Ainsi en était-il décidé pour Nikte-Ha et ainsi en serait-il.
Sa famille l'avait accepté, et elle aussi, malgré son jeune âge, l'avait compris et savait que son espérance de vie ne dépasserait pas son seizième anniversaire.
Au plus profond de son coeur, elle en concevait même une certaine fierté dont le reflet lui était renvoyé par le regard soumis des adultes de son environnement.

Elle aimait même se pavaner dans les allées de Chichén Itzá, depuis les bains de vapeur jusqu'au Tzompantli du Templo Norte, telle la promise du Dieu Chaac qui allait en retour assurer une météo clémente et de bonnes récoltes de maïs pour l'année à venir.

Cependant, elle évitait de dépasser la plateforme de Venus, sous la pyramide de Kukulkán, et d'emprunter l'allée qui menait au Cenote Sagrado, lieu des sacrifices, où l'on mettrait bientôt un terme à sa courte existence.

Et l'évocation d'Iktan venait exponentiellement ternir l'éclat de ses magnifiques yeux noirs.


A suivre…

Política

Jojo Le Démago.mp3

Le pire ennemi d'un gouvernement corrompu 
est un peuple cultivé.


Rien n'est plus résistant qu'une cucaracha.
Sauf un Mexicain : il résiste à tout !


La gauche et la droite sont une invention de ceux d'en haut 
pour égarer ceux d'en bas.


Alors Ponce Pilate demanda à la foule :
—« Qui dois-je relâcher » ?
Et le peuple s'écria :
—« Relâche Barrabas le voleur » !

Et plus de 2000 ans après, 
le peuple continue de voter pour les voleurs.


Nous vivons dans une société ou l'on apprend aux femmes 
comment éviter de se faire violer, 
au lieu d'apprendre aux hommes à ne pas violer.


mardi 8 avril 2014

Diego

Diego Libre Dans Sa Tête

Je ne vous apprendrai rien en disant que Diego Rivera est né à Guanajuato en 1886 et mort en 1957 à San Angel (DF).

Non plus qu'il a vécu une liaison tumultueuse avec la jeune Frida Kahlo, militante communiste, bisexuelle et maitresse de Leon Trotsky, avec laquelle il se mariera, puis divorcera, puis se remariera, hein ?


Il deviendra le peintre quasi officiel du gouvernement post-révolutionnaire et développera le principe des « murales », fresques imposantes dont ses plus connues décorent les murs du Palacio Nacional (l'Elysée) de Mexico, mais ça vous le saviez déjà.


Le billet de 500 pesos est à son effigie en compagnie de Frida, comme vous ne l'ignorez pas.


La fameuse Casa Azul (Maison Bleue), lieu de naissance de Frida et actuellement musée dédié au couple, présente des œuvres des deux artistes.


Voici quelques esquisses de Diego, exposées dans la Maison Bleue, qui prouvent, si besoin était, que ce n'était pas un charlot du pinceau, mais vous étiez déjà au courant, n'est-ce pas ?