Le Mexique est un pays dont j'ai fait la connaissance en 1995, par hasard. Et depuis, je suis resté coincé. 

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vendredi 11 avril 2014

Les amants de Chichén - Chapitre 3


Leur amour était interdit et ils dépensaient beaucoup d'efforts pour le dissimuler.

Leurs ébats sylvestres et amoureux s'en trouvaient rares et d'autant plus denses (con los lobos).

La petite Nikte-Ha inventait pour sa famille suspicieuse des besoins quasi quotidiens de méditation liés à sa prochaine mise à mort et personne n'y trouvait à redire. 
Elle partait ainsi pour de longues balades en forêt et revenaient des heures plus tard, rayonnante et détendue, et la famille rassemblée se félicitait des bienfaits visibles de ces retraites spirituelles.

Iktan, garçon des rues, faisait ce qu'il voulait, mais devait quand même cacher son idylle à la multitude qui n'aurait pas manqué de le balancer aux prêtres. 
Ces derniers lui auraient certainement fait subir un mauvais sort afin de préserver leur proie.

Le nid d'amour où ils se retrouvaient en loucedé était bien caché au cœur de la jungle, entre les racines d'un ceiba centenaire, arbre sacré comme chacun sait, dont la haute taille servait de liaison entre l'inframonde, le monde des vivants et le monde des cieux.


Iktan passait de longues heures à y attendre sa bien-aimée et chaque fois que celle-ci parvenait à s'échapper pour le rejoindre, c'était le grand embrasement cosmique de leurs sens aiguisés par le dépassement des interdits, bref c'était la fête à Popol.
Leur jeune âge ne gênait en rien la créativité de leurs ébats, les Mayas étant un peuple sexuellement mûr très tôt.

Ils se sentaient en sécurité au creux des racines géantes de l'arbre sacré et aimaient à y voir un symbole de protection pour leur amour. 
Iktan était le roi du monde et Nikte-Ha sa princesse, protégée par l'arceau des bras puissants de l'adolescent, à l'abri des vicissitudes de l'existence et du sort funeste qui lui était réservé.

C'est dans ce lieu magique que la révélation vint à Iktan.

Il ne laisserait pas les prêtres offrir sa Nikte-Ha en sacrifice à Chaac.
Epicétou.

Ils n'avaient qu'à se trouver un autre boudin, c'est pas ce qui manquait à Chichén et dans les environs. 
Celui-ci c'était le sien et il se battrait pour le conserver.

~•~

Par une fin d'après midi du uinal de zotz, alors que leur corps s'apaisaient, unis dans leur sueur d'amour, Iktan dévoila sa décision à Nikte-Ha.

Celle-ci en béa d'ébaubissement, tant l'idée lui parut inconcevable.
Se soustraire à son destin était un concept qui lui était farpaitement étranger, d'autant que, de mémoire d'Itzá, personne n'avait jamais osé s'opposer aux prêtres et donc au dieu qu'ils représentaient, Chaac en l’occurrence.


Iktan dut déployer des trésors de diplomatie pour convaincre Nikte-Ha que leur amour méritait mieux que cette fin abrupte, et que vivre avec lui serait plus amusant que mourir pour Chaac.

Est-ce que Chaac lui mettrait le doigt ici ?
Est-ce qu'il saurait faire ça avec sa langue ?
Est-ce que Chaac aurait un aussi joli birich' ?
Et est-ce qu'il saurait qu'elle aimait tant qu'on lui fasse ça ?
Et ceci ? 
Et cela...

~•~


Quand Nikte-Ha remit les pieds sur terre, elle finit par convenir que l'idée était séduisante et que finalement, ça serait peut-être une bonne idée d'envisager un séjour sur terre plus long que prévu, surtout si ce séjour se passait dans les bras d'Iktan.

Leur résolution était prise ; il ne restait plus qu'à ourdir un plan d'action.


A suivre…