Le Mexique est un pays dont j'ai fait la connaissance en 1995, par hasard. Et depuis, je suis resté coincé. 

Ce blog est CopyLeft :
Toute reproduction, adaptation, copie, diffusion, intégrale ou partielle, par quelque moyen que ce soit, avec ou sans le consentement de l’auteur, est non seulement autorisée, mais fortement encouragée.

Pour tourner les pages de ce blog :
Utiliser les liens tout en bas "Articles plus récents" ou "Articles plus anciens".

jeudi 8 novembre 2012

Juego de Pelota

L'idée m'a pris de vous parler du "Jeu de Balle", célèbre dans les territoires mésoaméricains.
Un jeu qui n'en était pas un, et qui jouait un rôle tant social que religieux.

Et lors de ma recherche documentaire, je n'ai rien trouvé de mieux que le texte que je vous livre ci-dessous, tiré du superbe roman "Moi, Hernán Cortés" d'Albert Staline, Tome 1.
Les images ont été ajoutées par ma pomme, piochées sur la toile.

(...) C’est un jeu tordant, faut que je vous raconte.
Grosso modo, on dirait un peu une partie de foot, sauf que les cages sont en hauteur. Je m’explique :
Sur un terrain de dimensions respectables, quelque chose comme cent mètres sur trente, deux équipes s’affrontent. Le terrain est entouré de murailles d’une dizaine de mètres de hauteur, au sommet desquelles sont juchés les spectateurs excités.
À six mètres du sol et sur chacun des murs les plus longs, se font face deux anneaux de pierre, percés en leur centre d’un orifice circulaire d’une vingtaine de centimètres de diamètre. Les deux équipes, une dizaine de joueurs dans chaque camp, différenciés par la dominante colorée de leur pagne, jouent avec une balle ronde en caoutchouc.
Comme vous l’avez deviné, le but de la partie est d’envoyer cette balle au travers des anneaux. La où ça se complique, c’est que les mecs ne peuvent toucher la balle qu’avec les pieds, les genoux, les hanches ou la tête, vous mordez le topo ?

Notez les deux anneaux en hauteur
C’est un bordel indescriptible !
Ça saute, ça tombe, ça se bouscule dur et quelques mauvais gestes ne sont même pas sifflés par l’arbitre parce qu’il n’y en a pas. Les mecs y vont fort et n’hésitent pas à s’agresser physiquement, il y en a même un qui perd un œil dans l’affaire et qui continue à jouer en mono.
Au bout d’une demi heure de jeu, aucun but n’a été marqué, vous pensez bien. Par contre les joueurs, eux, sont marqués et salement ! Je n’en vois pas un d’intact et le sang coule à flot sur les corps musclés et semi-dénudés. Ils jouent comme si leur vie en dépendait, ce qui est bien le cas, car l’équipe perdante perdra aussi la vie par décapitation de groupe. Les vainqueurs auront l’insigne honneur de ramener à la maison une tête toute fraîche, symbole de leur victoire. Je ne sais pas ce qu’ils en font, peut-être qu’ils la mangent ?

Comme au foute, pas le droit de mettre les mains
Au bout d’une heure, toujours zéro-zéro. Le rythme de la partie s’essouffle et les spectateurs déchaînés sifflent et jettent des pierres sur les joueurs. Ceux-ci sont en piteux état et leur effectif a quelque peu diminué. Au sol, joyeusement piétinés par leurs coéquipiers, gisent trois joueurs rouges et deux jaunes, ce qui donne un avantage non négligeable aux jaunes. Cependant les rouges paraissent plus frais et compensent le surnombre de leurs adversaires par une stratégie de jeu plus dynamique. Les passes sont plus précises et les tirs plus nombreux quoique sans résultat.
Finalement, sur une tête confondante de précision et une magnifique reprise de volley de l’extérieur du pied gauche, les rouges inscrivent le but salvateur (c’est le cas de le dire).

La foule est déchaînée et certains tombent des gradins en s’occasionnant de multiples fractures.
La partie se termine dans une cohue indescriptible, les vainqueurs ensanglantés sont portés en triomphe et les perdants immédiatement mis à mort dans une ambiance de fête foraine.
Seuls les prêtres se réunissent dans le calme et commentent le match avec des airs de conspirateurs. 

Décapitation manuelle du perdant
En fait, ils prévoient tout simplement de quoi demain sera fait sur la base de la course complexe du ballon durant ces deux heures de match, prolongations incluses. Nous, en tout cas, on s’est bien marré. (...)

C'était quand même autre chose que notre jeu de baballe-dollar actuel, hein?

dimanche 4 novembre 2012

Xokoatl

Xokoatl, c'est le mot Nahuatl (langue des Aztèques), qui se prononce chocoat'l et qui a donné le terme actuel de chocolat.
On rencontre aussi le mot Kakauatl, qui désigne le cacao. 

Car c'est effectivement de l'ancien Mexique que nous vient le chocolat (et non de chez Jeff de Leonidas, héhéhé).

A l'époque, il ne s'agissait pas de petites bouchées gourmandes délicieusement arômatisées de multiples façons souvent snobinardes, mais d'une boisson plus ou moins épicée une fois la préparation (séchage/grillage) mélangée avec de l'eau, voire d'une monnaie d'échange sous sa forme de cabosse (fruit du cacaoyer, contenant les graines).
Je peux faire des phrases plus longues sur demande.

Les Mayas s'en attribuent la découverte dans leur livre sacré, le Popol Vuh, par le biais d'une charmante légende :
Un des héros de la mythologie Maya, Hun Hunaphu fut décapité par ses ennemis et sa tête accrochée dans un arbre, à la manière d'une boule de Noël.
Comme vous vous en doutez, petits malins comme je vous connais, l'arbre donna illico du chocolat. Pas en tablettes, hein, en cabosses.
De plus la tête sectionnée cracha sur une jeune fille, lui offrant une fertilité inespérée.
C'est ainsi que le chocolat fut associé chez les mayas à la fertilté et qu'il est encore de nos jours indispensable à la cérémonie prénuptiale.


Avant les Mayas, les Olmèques ont laissé des traces de leur consommation de chocolat dans des vestiges de poteries. Cette civilisation a sévi du Mexique au Costa-Rica, dans les années 1 200 / 500 AVJC.


C'est-à-dire qu'il y a 2 500 ans, les améridiens buvaient déjà du cacao au petit déjeuner, mais n'avaient pas encore découvert le croissant au beurre.

Lorsque je consomme du chocolat-boisson au Mexique, il est traditionnellement servi très dilué, aromatisé genre vanille et parfois assez pimenté.
Note Hors sujet : Le café, autre production locale, est tellement dilué/insipide qu'il en devient difficilement consommable par un amateur européen.

La ville de Oaxaca au Mexique s'est plus-ou-moins autoproclamée "Capitale Mondiale du Chocolat".
Il faut reconnaître que les fabriques y sont nombreuses, leur chocolat excellent et leur sauce mole (à base de chocolat) tout autant.


Voici un bel objet en provenance directe de Oaxaca via le Yucatán où il m'a été offert par de gentils amigos.
Il s'agit d'une touillette à chocolat, plus connu sous le nomde MOLINILLO (merci Cousin de me l'avoir remémoré), faite d'une tige de bois pyrogravée, entourée d'anneaux multiformes du même bois, bien sûr, puisque le tout est constitué d'une seule pièce.
L'usage recommandé est de plonger l'outil dans le breuvage en cours d'ébullition, de saisir le manche entre les deux mains et d'opérer un mouvement de va-et-vient afin de créer dans le liquide un tourbillon générateur de mélangeage et de moussage.
Vous voyez le truc ?



Pour vous dire que ce n'est pas un gadget touristique, je me suis servi d'un outil similaire à San Miguel de Allende pour touiller le chocolat qui accompagne dignement la Rosca de Reyes (Galette/Pogne des rois, 6 janvier, Epiphanie).

Tout ça pour vous dire qu'en ce moment, c'est le
Salon du Chocolat à Paris  
© BB, notre envoyée-spéciale sur place :