Le Mexique est un pays dont j'ai fait la connaissance en 1995, par hasard. Et depuis, je suis resté coincé. 

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samedi 5 janvier 2013

Lucha Libre (fin)

 INTRODUCTION  
La Lucha Libre, j'avais déjà failli connaître l'an passé.
Un ami Mexicain avait "organisé" la sortie, tout bien comme il faut. Finalement, on n'y était pas allé... 
Aujourd'hui, c'était reparti de la même manière... il faudrait qu'on téléphone, on va téléphoner, on doit téléphoner, on a oublié de téléphoner, ça répondait pas, on va rappeler, on peut y aller vendredi prochain, eh, ho, hein !!!!!
Alors le Bern prend les choses en main, et 20 mn plus tard on y est.

  MATERIEL & METHODE  
Le taxi prétendait partir dans la direction opposée mais il se trouve que je commence à connaître un brin la géographie de México. 
Alors le pauvre chéri a été contraint de nous vendre uniquement le trajet demandé, même s'il feignait de n'avoir jamais entendu parler de la Arena México.

  DEVELOPPEMENT  
Car le lieu se nomme Arena México, dans le quartier glauque de Doctores (rue Dr Lavista), et est également connu sous le nom de "Cathédrale de la Lucha Libre".
Les abords sont sombrement éclairés et les stands de mascaras de luchadores sont nombreux et bruyants.
Nous fendons une foule dense et joyeuse. Tous les 5 mètres, un vendeur à la sauvette nous propose des places et le programme de la soirée.
Mon instinct de prédateur me conseille d'aller acheter nos billets à un guichet homologué... Ce que je fais et nous voici muni de deux tickets officiels qui nous autorisent l'entrée du temple, farouchement gardée par les forces de l'ordre.
Nous sommes fouillés par un fouilleur assermenté et je suis illico délesté de mon appareil photo. C'est pourquoi je ne vous offrirai aucune photo. C'est ballot, hein ?
Puis nous sommes pris en main par un ouvreur du 3e âge (de marque Telcel), qui nous pilote jusqu'à nos sièges numérotés. Nous avons acheté les meilleures places (320 $MX) et nous trouvons au 4e rang devant le ring.
A peine sommes-nous assis qu'un serveur nous propose des bières d'un demi-litre, que nous nous offrons sans état d'âme.
Des écrans géants alternent pubs et images de la salle. Le niveau sonore augmente de minute en minute et nous devons hurler pour nous chuchoter à l'oreille.
Une brochette de petits boudins siliconés agrémente notre attente en se tortillant à côté du ring.
Un haut escalier (de marque Telcel) descend jusqu'au ring (ou monte, c'est selon) et nous devinons que c'est de là que surgiront les fauves.
Puis un présentateur au micro défaillant investit la surface de combat, accompagné des arbitres cacochymes (de marque Telcel).
L'ambiance est à son paroxysme... nous sentons bien que le massacre va commencer, et nous avons raison...


Angel de Oro, mon héros.
C'est un gentil, alors il gagne tout le temps.
Cousin732 m'a offert son masque : collector !

 DISCUSSION  
Les premiers gladiateurs apparaissent sous les sunlights et dégringolent l'escalier sous les vivas (pour les gentils) et les huées (pour les méchants).
Car les affrontements sont astucieusement scénarisés.
Que je vous explique :
Chaque rencontre voit s'affronter deux équipes de 1, 2 ou 3 lutteurs. D'un côté les gentils, de l'autre les méchants. Pour les néophytes que nous sommes, l'appartenance de chacun est clairement identifiée par son code vestimentaires et/ou son nom. Les gentils sont parés de couleurs claires ou vives et baptisés de pseudonymes plutôt sympas : El Angel de Oro, Rey Cometa... Et les méchants, c'est le contraire : Virus, Psicosis... Dans cette dernière catégorie, un déguisement qui fait führer est le tristement célèbre uniforme nazi : casquette plate, manteau de cuir, casque verdegris, croix gammée...
Le schéma des matches est immuable : les gentils commencent à en prendre plein la tronche et les méchants accumulent les coups bas et vicieux dans le dos de l'arbitre débordé. Puis d'un seul coup, dans un sursaut de vigueur retrouvée, les gentils terrassent à la régulière leurs fourbes adversaires.
Le public est bon public et l'ambiance bon enfant.
Car des enfants sont dans l'assistance et se gavent de chips et coca. Quelques femmes aussi, dont une mamie surexcitée, hurlante et sifflante, qui prendra place à droite de mon amigo Cousin456 et enrichira sa soirée autant que son vocabulaire.
"Va niq... ta mère, salaud, fils de p..., va te faire enc..., incapable, salaud, lâche..." et autres jurons rapidement enchainés démontrent un vocabulaire fécond et un sens de 
l'à-propos hors du commun.
Les rencontres se suivent et ne se ressemblent pas forcément. 
Les lutteurs qui vont amuser notre soirée sont parfois jeunes, parfois moins, souvent grands et bien foutus, parfois plus petits voire grassouillets, parfois femmes, parfois nains, parfois gays...

Video tournée à l'Arena México.

Quelques moments forts : 
• Deux LPT (Lutteurs de Petite Taille) faisaient partie de deux équipes, une fois chez les méchants, une fois chez les gentils. 
Le truc incontournable, c'est que l'un des coéquipiers du nain le lance en l'air très haut afin de le faire retomber sur l'adversaire. 
Succès garanti !
• Deux équipes de 3 femmes (donc 6 au total) s'affrontent dans un bordel indescriptible. 
On a droit à tout : la blonde en mini-jupe rose, la camionneuse en T-shirt plein de cambouis, la nazillonne en cuir clouté, la femme-oiseau emplumée et colorée et la super-grosse (150 kg au bas mot, pour une taille n'excédant pas 150 cm). Sa spécialité, c'est de foncer ventre en avant sur ses adversaires qui se trouvent projetées à plusieurs mètres sous la force de l'impact. 
Encore un grand moment.
• Last but not least : le lutteur Gay. Vêtu d'une très seyante jupette mauve portée sur un body assorti, un mec assez petit et grassouillet caracole sur le ring en essayant d'embrasser ses adversaires sur la bouche. 
Lorsqu'il réussit une immobilisation de l'adversaire, la foule décahînée hurle "Be-so - Be-so - Be-so" et laisse exploser sa joie lorsque le baiser est donné de force. L'arbitre fera les frais des exactions du Gay Luron.

 CONCLUSION  
Plus sérieusement, il n'y a pas de réelle bagarre, juste des enchaînements de mouvements et des combinaisons de figures parfois téléphonés, mais souvent acrobatiques. Les lutteurs sont de sacrés gymnastes, sinon de redoutables combatants.

Dans l'ensemble, mais ceci ne concerne que moi, le spectacle vaut surtout pour l'ambiance. Je me suis beaucoup amusé la première heure. La seconde, je me demandais comment convaincre mon amigo de se casser.
Coup de bol, au bout de 2H, c'est fini.
Nous rejoignons la file d'attente des baisés comme moi qui veulent récupérer leur APN confisqué à l'entrée.
Etourdiment, je m'insère mal dans la queue et suis morigéné par un vigilant vigile.
Je fais alors quelques pas en marche arrière, sans regarder derrière moi.
Il y avait justement, perpendiculairement à mon rétro-déplacement, un plan incliné métallique destiné à favoriser l'accès des tribunes aux personnes à mobilité roulante.
Je me suis offert un valdingue arrière du genre majuscule, avec roulade incorporée, qui m'a porté du plan incliné ci-dessus mentionné au sol bétonné lui servant de support.
Un costaud m'aide à me relever et à la mine des badauds, je réalise que le spectacle a dû être intéressant.
Je rassure l'audience en levant les bras comme un Lutteur vainqueur, "todo bien, todo bien", et les sourires reviennent.


Mon ami Cousin881 me demande :
— Tu t'es fait mal ?
— Un peu, lui répons-je.
— Bien fait pour toi, conclut-il.