La colonne des pélerins suivait son chemin, encadrée à l'avant par le char des figurants et à l'arrière par les véhicules attendant leur heure pour s'élancer.
Pas moyen de s'échapper.
Nous empruntons une rue étroite et c'est là que l'enfer se déchaîne.
Des snipers cachés sur les toits environnants se mettent à arroser la foule de divers projectiles !
Les enfants hurlent, les adultes affolés courent dans tous les sens.
Des bébés tombent des épaules de leur papa, un vieillard cacochyme mord un chien enragé, une indienne dépoitraillée essaye d'arracher mes vêtements avec les dents, une femme accouche alors qu'elle n'était pas enceinte !
Un des assaillants, croyant nous jeter un sac de jouets nous jette sa belle-mère.
Je reçois un paquet de 2 kg de bonbons en pleine face. Comme je filmais, j'ai rien vu venir. Mes lunettes explosent, ça y est je suis aveugle. Non : je vois les étoiles. C'est normal, c'est Noël. Alléluia !
Les blessés se comptent par centaines et leurs lamentations se mêlent aux cantiques psalmodiés par le début de la procession, qui ne s'est aperçu de rien.
Puis le massacre cesse, faute de projectiles.
Les survivants reprennent leur chemin, comme si de rien.
Je rassemble tout doucement mes esprits, rafistole mes lunettes, remonte mon pantalon et recolle au peloton de tête.
J'ai même pas mangé un bonbon.
Reportage - De votre envoyé spécial au front :