Le Mexique est un pays dont j'ai fait la connaissance en 1995, par hasard. Et depuis, je suis resté coincé. 

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mercredi 11 décembre 2013

Arbol de la Noche Triste


A Tacuba est un arbre connu sous le nom de Arbol de la Noche Triste (Arbre de la Triste Nuit).

C'est au pied de cet arbre que Cortés a déversé ses larmes de désespoir après s'être fait jeter de Tenochtitlán le 30 Juin 1520.
Que je vous narre (car je suis un narrant) :

En ce beau mois de juin 1520, le gang de voyous espagnols historiquement connu sous le charmant sobriquet de "conquistadores" occupe fort inconfortablement la ville de Tenochtitlán (l'actuelle Mexico) dont les clés lui ont été pacifiquement remises par le mol empereur Moctezuma, une sorte de François Hollande avec des plumes.

Inconfortablement, car la révolte des Aztèques gronde.
Lors de la dernière échauffourée, Moctezuma a été tué et Cuitláhuac est devenu le nouvel empereur Aztèque.
Et lui, il est plutôt pour l'élimination musclée des gangsters fraîchement débarqués.

Donc nos héroïques conquérants prennent la courageuse décision de s'enfuir de nuit, en embarquant le trésor dont ils ont dépouillé les autochtones depuis leur arrivée en terre Aztèque, 16 mois plus tôt.

Leur stratégie de débandade est drôlement au point, lisez-plutôt :
Ils choisissent comme date le jour de l'enterrement de Moctezuma et du sacre de Cuitláhuac, pendant que les Aztèques seront bien occupés par les deux cérémonies simultanées.

Suprême stratégie du génie militaire de Cortés : tous leurs prisonniers et leurs familles sont égorgés, afin de donner du travail aux survivants, qui seront certainement plus préoccupés par leurs enterrements que par la poursuite des envahisseurs en débâcle.

Bien pensé, mais non, c'est pas comme ça que ça va se passer.

Il fait nuit, il pleut.
Chacun a rempli ses besaces et ses poches de tout l'or et l'argent qu'il peut transporter. 
Il y en a même qui s'en sont mis dans le fion, c'est vous dire.

En silence, voici la mauvaise troupe en route, quand un cri retenti dans la nuit Aztèque. 
Une femme s'est aperçu de la fuite et porte le pet.
Les Aztèques rassemblés pour les cérémonies en cours n'ont aucune peine à tomber sur les espagnols affolés.
Il pleut, il fait noir. Les chevaux glissent sur les pavés mouillés.
Tenochtitlán est une lagune : les canaux sont nombreux et les ponts rares.
Les flèches s'abattent sur les hommes et les bêtes. 
Chacun ne pense qu'à sauver son or, au détriment de toute tentative de regroupement réactif face à la technique nautique de l'énergique attaque tactique des acrobatiques métèques aztèques.


Ceux qui ne sont pas transpercés par les flèches et les lances meurent noyés sous le poids des armures et de l'or transporté.
Dans l'ensemble, les envahisseurs passent un sale moment mais certains parviennent quand même à s'échapper.

Cortés est blessé, il perdu la moitié de ses hommes et presque tous ses chevaux.

C'est pourquoi il pose son front fiévreux sur l'écorce d'un ahuehuete et pleure sur sa conquête avortée, sur la perte de l'or, des chevaux et un petit peu de ses hommes aussi.


Cet arbre est toujours là, du moins ce qu'il en reste, 483 ans plus tard.
Peut-être que les larmes de Cortés ont favorisé sa conservation.

L'arbre est situé place de la Noche Triste, appelée par les descendants aztèques : 
Plaza de la Noche Victoriosa.