Un jeu qui n'en était pas un, et qui jouait un rôle tant social que religieux.
Et lors de ma recherche documentaire, je n'ai rien trouvé de mieux que le texte que je vous livre ci-dessous, tiré du superbe roman "Moi, Hernán Cortés" d'Albert Staline, Tome 1.
Les images ont été ajoutées par ma pomme, piochées sur la toile.
(...) C’est un jeu tordant, faut que je vous raconte.
Grosso modo, on dirait un peu une partie de foot, sauf que
les cages sont en hauteur. Je m’explique :
Sur un terrain de dimensions respectables, quelque chose
comme cent mètres sur trente, deux équipes s’affrontent. Le terrain est entouré
de murailles d’une dizaine de mètres de hauteur, au sommet desquelles sont
juchés les spectateurs excités.
À six mètres du sol et sur chacun des murs les plus longs,
se font face deux anneaux de pierre, percés en leur centre d’un orifice
circulaire d’une vingtaine de centimètres de diamètre. Les deux équipes, une
dizaine de joueurs dans chaque camp, différenciés par la dominante colorée de
leur pagne, jouent avec une balle ronde en caoutchouc.
Comme vous l’avez deviné, le but de la partie est d’envoyer
cette balle au travers des anneaux. La où ça se complique, c’est que les mecs
ne peuvent toucher la balle qu’avec les pieds, les genoux, les hanches ou la
tête, vous mordez le topo ?
Notez les deux anneaux en hauteur |
C’est un bordel indescriptible !
Ça saute, ça tombe, ça se bouscule dur et quelques mauvais
gestes ne sont même pas sifflés par l’arbitre parce qu’il n’y en a pas. Les
mecs y vont fort et n’hésitent pas à s’agresser physiquement, il y en a même un
qui perd un œil dans l’affaire et qui continue à jouer en mono.
Au bout d’une demi heure de jeu, aucun but n’a été marqué,
vous pensez bien. Par contre les joueurs, eux, sont marqués et salement ! Je
n’en vois pas un d’intact et le sang coule à flot sur les corps musclés et
semi-dénudés. Ils jouent comme si leur vie en dépendait, ce qui est bien le
cas, car l’équipe perdante perdra aussi la vie par décapitation de groupe. Les
vainqueurs auront l’insigne honneur de ramener à la maison une tête toute
fraîche, symbole de leur victoire. Je ne sais pas ce qu’ils en font, peut-être
qu’ils la mangent ?
Comme au foute, pas le droit de mettre les mains |
Au bout d’une heure, toujours zéro-zéro. Le rythme de la
partie s’essouffle et les spectateurs déchaînés sifflent et jettent des pierres
sur les joueurs. Ceux-ci sont en piteux état et leur effectif a quelque peu
diminué. Au sol, joyeusement piétinés par leurs coéquipiers, gisent trois
joueurs rouges et deux jaunes, ce qui donne un avantage non négligeable aux
jaunes. Cependant les rouges paraissent plus frais et compensent le surnombre
de leurs adversaires par une stratégie de jeu plus dynamique. Les passes sont
plus précises et les tirs plus nombreux quoique sans résultat.
Finalement, sur une tête confondante de précision et une
magnifique reprise de volley de l’extérieur du pied gauche, les rouges
inscrivent le but salvateur (c’est le cas de le dire).
La foule est déchaînée et certains tombent des gradins en
s’occasionnant de multiples fractures.
La partie se termine dans une cohue indescriptible, les
vainqueurs ensanglantés sont portés en triomphe et les perdants immédiatement
mis à mort dans une ambiance de fête foraine.
Seuls les prêtres se réunissent dans le calme et commentent
le match avec des airs de conspirateurs.
Décapitation manuelle du perdant |
En fait, ils prévoient tout simplement
de quoi demain sera fait sur la base de la course complexe du ballon durant ces
deux heures de match, prolongations incluses. Nous, en tout cas, on s’est bien
marré. (...)
C'était quand même autre chose que notre jeu de baballe-dollar actuel, hein?