Leur
amour n'avait plus qu'une année à vivre, à l'instar de Nikte-Ha
qui venait de fêter ses quinze ans.
Cette Quinceañera (fête des 15 ans) avait marqué les esprits par son faste et la connaissance que
chacun avait du devenir de la petite.
Pour
son prochain anniversaire, elle recevrait la mort en cadeau, par
noyade dans le profond Cenote Sagrado.
Iktan
n'avait pas été invité.
Sans
jamais en parler ouvertement, le tout-Chichén se doutait qu'un
sentiment l'unissait à Nikte-Ha et que ceci ne présageait rien de
bon.
Iktan
avait assisté de loin aux festivités. La tête sur les genoux, il
n'avait pas quitté des yeux la silhouette rondouillarde de son aimée
qui circulait de table en table, trinquant joyeusement avec les
convives et renversant à grands coups de gosier le sang du maguey
sans lequel la fête se serait pas aussi folle.
Iktan
savait que Nikte-Ha faisait semblant et il avait raison. Personne ne
devait se douter. C'était leur seule chance.
Alors
Nikte-Ha jouait les insouciantes en riant à gorge d'employée au
sein de la foule emplumée qui venait se repaître des derniers
instants d'une de leurs semblables.
Puis
le son jusque-là discret des tambours se fit plus insistant, la
foule cessa son brouhaha et les corps imbibés de pulque s'animèrent
flegmatiquement d'un mouvement uniforme.
Les
femmes furent invitées à regagner leurs pénates à grand coup de
pieds occultes.
Nikte-Ha
resta seule sur l'estrade dominant la houle de la foule et entama une lente danse du ventre avec comme seul vêtement la lancinance des
tambours en peau de kep.
Iktan
sentit son pagne se soulever sous l'impétuosité de son jeune
birich', mais l'heure n'était pas à la gaudriole. Son cerveau en
ébullition bâtissait le plan qui allait
priver Chaac de son tribut, et leur marge de manœuvre serait
étroite, pour ne pas dire inexistante.
Alors
Iktan regardait sa bien-aimée offerte aux regards con cul pissants
des danseurs avinés et son désir refréné nourrissait ses neurones
juvéniles.
A suivre