Leur
amour était interdit et ils dépensaient beaucoup d'efforts pour le
dissimuler.
Leurs
ébats sylvestres et amoureux s'en trouvaient rares et d'autant plus
denses (con los lobos).
La
petite Nikte-Ha inventait pour sa famille suspicieuse des besoins
quasi quotidiens de méditation liés à sa prochaine mise à mort et
personne n'y trouvait à redire.
Elle partait ainsi pour de longues
balades en forêt et revenaient des heures plus tard, rayonnante et
détendue, et la famille rassemblée se félicitait des bienfaits
visibles de ces retraites spirituelles.
Iktan,
garçon des rues, faisait ce qu'il voulait, mais devait quand même
cacher son idylle à la multitude qui n'aurait pas manqué de le
balancer aux prêtres.
Ces derniers lui auraient certainement fait
subir un mauvais sort afin de préserver leur proie.
Le
nid d'amour où ils se retrouvaient en loucedé était bien caché au
cœur de la jungle, entre les racines d'un ceiba centenaire, arbre
sacré comme chacun sait, dont la haute taille servait de liaison
entre l'inframonde, le monde des vivants et le monde des cieux.
Iktan
passait de longues heures à y attendre sa bien-aimée et chaque fois
que celle-ci parvenait à s'échapper pour le rejoindre, c'était le
grand embrasement cosmique de leurs sens aiguisés par le dépassement
des interdits, bref c'était la fête à Popol.
Leur
jeune âge ne gênait en rien la créativité de leurs ébats, les
Mayas étant un peuple sexuellement mûr très tôt.
Ils
se sentaient en sécurité au creux des racines géantes de l'arbre
sacré et aimaient à y voir un symbole de protection pour leur
amour.
Iktan était le roi du monde et Nikte-Ha sa princesse,
protégée par l'arceau des bras puissants de l'adolescent, à l'abri
des vicissitudes de l'existence et du sort funeste qui lui était
réservé.
C'est
dans ce lieu magique que la révélation vint à Iktan.
Il
ne laisserait pas les prêtres offrir sa Nikte-Ha en sacrifice à
Chaac.
Epicétou.
Ils
n'avaient qu'à se trouver un autre boudin, c'est pas ce qui manquait
à Chichén et dans les environs.
Celui-ci c'était le sien et il se
battrait pour le conserver.
~•~
Par
une fin d'après midi du uinal de zotz, alors que leur corps
s'apaisaient, unis dans leur sueur d'amour, Iktan dévoila sa
décision à Nikte-Ha.
Celle-ci
en béa d'ébaubissement, tant l'idée lui parut inconcevable.
Se
soustraire à son destin était un concept qui lui était
farpaitement étranger, d'autant que, de mémoire d'Itzá, personne n'avait jamais osé s'opposer aux prêtres et donc au
dieu qu'ils représentaient, Chaac en l’occurrence.
Iktan
dut déployer des trésors de diplomatie pour convaincre Nikte-Ha que
leur amour méritait mieux que cette fin abrupte, et que vivre avec
lui serait plus amusant que mourir pour Chaac.
Est-ce
que Chaac lui mettrait le doigt ici ?
Est-ce
qu'il saurait faire ça avec sa langue ?
Est-ce
que Chaac aurait un aussi joli birich' ?
Et
est-ce qu'il saurait qu'elle aimait tant qu'on lui fasse ça ?
Et
ceci ?
Et cela...
~•~
Quand
Nikte-Ha remit les pieds sur terre, elle finit par convenir que
l'idée était séduisante et que finalement, ça serait peut-être
une bonne idée d'envisager un séjour sur terre plus long que prévu,
surtout si ce séjour se passait dans les bras d'Iktan.
Leur
résolution était prise ; il ne restait plus qu'à ourdir un
plan d'action.
A
suivre…